Ouh purée je reviens de loin !!!!
Le Ladakh ca se mérite !!!!!
De Manali a Leh il y a 480 km.
Une route mythique ! Mais vraiment pas simple...
4 grands cols a passer: Rohtang La, Baralacha La, Lachulung La et Tanglang La.
Ca monte crescendo. Le 1er col est a 3980 m et le dernier a 5360 m.
J'ai fait ca en 3 étapes.
La premiere journée fut la + difficile.
Je suis parti de Manali a 6h pétante.
Entre Manali et le Rohtang La il y a 50 km. 50 bornes de montée en lacets. Pas 1 km de plat ou de descente.
Au début ca va c'est bien goudronné...
... puis commencent les premieres portions de routes défoncées et de pistes.
Apres, + on monte + le sol est boueux...
...et les 20 dernieres bornes on patauge dans 20 cm de merdasse !!!!!
A beaucoup d'endroit la "route" est trop étroite pour que ceux qui descendent croisent ceux qui montent, donc le temps que ca manoeuvre de gros embouteillages se forment. Quand 2 camions se croisent ca passe vraiment au millimetre. Le précipice leur tend les bras !!
Par endroit il y avait eu des éboulements sur la route donc il a fallu attendre que la DDE ( ) déblaye, pour le + grand bonheur des vendeurs de thé et café !
Quelques kilometres avant le sommet (donc a environ 3500 m d'altitude j'imagine) j'ai commencé a ressentir le manque d'oxygene. Tu ressens de tres légers vertiges et tu as un peu de mal a respirer. J'ai pris un cachet de Diamox. C'est un médicament qui fluidifie le sang, un peu comme l'aspirine. Je l'avais acheté a Delhi sur les conseils de Pablo.
J'aime pas trop prendre de médocs, mais la, vu les conditions, je préferais etre en pleine possesion de mes moyens...
Et effectivement, 1 demi heure + tard tu te sens déja mieux.
A 10 km du sommet ca devient vraiment un merdier phénomenal ! Les bagnoles se mettent en travers. Il n'y a quasiment que les jeeps qui passent bien. En moto c'est super physique. La roue arriere patine et chasse parfois sur le coté.
Heureusement les indiens ne s'énervent jamais. Meme dans des conditions dantesques comme celles la, ils prennent leur mal en patience. Ils klaxonnent beaucoup, mais ils restent tres calmes et souriants. J'ose pas imaginer le meme genre de situation en Europe ! Y'aurait du sang dans la boue !!
La, l'ambiance est bonne, tout le monde s'aide, notamment entre motards. J'ai croisé quelques occidentaux en Enfield mais aussi pas mal d'indiens qui partaient en vacances.
A 2 km du sommet la route s'arrange. Elle est toute défoncée mais il y a beaucoup moins de boue.
Je suis finalement arrivé en haut a 13h30 !
7h30 pour faire 50 bornes, soit une moyenne supersonique de 6.5 km/h !!!!
Et je m'en sors bien parce qu'on m'a dit que parfois, quand c'est vraiment bouché, les militaires obligent les gens a faire demi tour !
Bref ensuite on bascule sur l'autre versant et c'est parti pour une vingtaine de kilometres de descente. La "route" est meilleure mais elle est dangereuse quand meme. Par endroit des rivieres passent carrément sur la route. Ce sont les passages les + délicats a traverser en moto, car souvent l'eau est boueuse et on n'a aucune idée de la profondeur. En général j'attendais qu'une jeep passe, pour voir jusqu'ou elle s'enfoncait.
Apres la descente on arrive dans une vallée et la route est goudronnée pendant 20 bornes. Ouf !
Ca fait tout bizarre de rouler sur du bitume !
Apres ya encore 10 ou 15 bornes de pistes pour arriver jusqu'a Tandi ou se trouve la derniere pompe a essence avant 370 bornes de désert pétrolier.
J'avais fait le plein a Manali avant de partir, mais ici, 110 bornes + loin, le pompiste a mis 9,5 litres !!!!!
9 litres au 100 !!!!! Normalement je tourne a moins de 5. C'est que ca bouffe de la sauce de patiner dans la boue a fond de 1ere !!
Une fois le plein fait, encore 10 bornes et je suis arrivé a Keylong a 17h.
11h de route. Ce fut clairemnent la journée la + difficile depuis le depart de France.
Je suis resté quelques jours a Keylong, pépere, histoire de me faire a l'altitude (3400 m).
Des qu'on passe le Rohtang La, on bascule dans un autre univers. Celui des bleds coupés du monde pendant les 7-8 mois que dure l'hiver. Les gens sont rustiques ici ! Mais ils sont toujours tres gentils et souriants.
J'ai ensuite quitté Keylong, et pendant 2 jours j'ai vu défiler des paysages... hallucinament beaux !!!!!!!!
D'abord on traverse une grande vallée...
... puis 30 bornes apres Keylong, on arrive au 1er checkpoint militaire, a Darcha. L'armée est tres présente dans la région, en raison de la proximité avec la Chine. Ils ont regardé mon passeport et noté les coordonnées. Il y a eu 2 autres checkpoints ensuite sur la route: 1 a Sarchu et 1 a Pang.
Darcha est le dernier vrai village avant + de 200 bornes de désert. Apres il y a quelques campements, quelques cantonnements militaires, et c'est tout.
Commence alors l'ascencion du Baralacha La.
Et voila la riviere qui nous a donné le + de fil a retordre. Quand je suis arrivé il y avait quelques motards qui attendaient devant, perplexes. Il devait y avoir 40 ou 50 cm de fond.
Comme l'Africa Twin est une moto haute sur patte ca s'est pas trop mal passé pour moi. J'ai pas pu traverser en 1 traite, il a fallu que je m'arrete au milieu (et donc que je mette les pieds dans la flotte), mais apres, en 2 ou 3 coups de gaz, c'est passé.
Pour les Enfield et les petites 125 c'est un peu + compliqué !
En général le gars avance jusqu'au milieu de la riviere, et il reste tanqué la !
On le laisse galérer un peu, histoire de rigoler...
... et apres on va l'aider. De toutes facons, une fois que t'as les pieds trempés, autant y aller franco !
Video 1 Video 2
Ya vraiment une super entente entre motards. On laisse jamais personne dans la m****, surtout sur des routes difficiles comme ca.
Quelques kilometres apres la riviere on arrive a hauteur des premiers névets.
En haut du Baralacha La (4892 m), comme au sommet de tous les cols himalayens, il y a un énorme amas de drapeaux de prieres.
La, les paysages commencent a devenir vraiment... minéraux.
Mais qu'est ce que c'est beau !
A partir d'une certaine altitude, la moto commence a peiner. Il faut rouler super souple, tout au couple, un peu comme sur la neige. Au dela de 3000 tours l'accéleration n'a plus aucun effet, et le moteur commence a tousser.
A l'arret, la moto cale quasiment a chaque fois. En conditions normales le ralenti tourne a un peu + de 1000 tours, mais au dela de 4000 metres il reste quelques secondes a 200 ou 300 tours, et ensuite le moteur cale.
Apres des qu'on redescend ca va mieux.
A partir du Baralacha La, j'ai fait la majeure partie de la route avec 3 indiens. 1 sur sa petite Honda 125, et 2 sur une 200 custom indienne !
Des vrais guerriers ces indiens !!!! Ils ont peur de rien, ca fait plaisir a voir !!!
Tout juste 20 balais, c'est les vacances, z'y va on prend la brelouze et on se casse au Ladakh !!!
Ils ficellent bien leur paquetage sur le porte bagage, et c'est parti !
C'est pas du tout des motos faites pour ce genre de "route", mais ils s'en foutent, ils bourrinent et ca passe.
Bon des fois ca casse aussi... le soir on s'est arreté + tot que prévu. Le sélecteur de la 125 se dévissait et 1 des suspensions de la 200 s'est déboitée !!
On s'est arreté dans un tout petit campement tenu par une famille Ladakhie, au mileu de nulle part.
Il y avait juste une tente commune pour manger et 3 ou 4 tentes pour dormir.
Des que le soleil disparait la température descend en fleche, et au milieu de la nuit il gele. Le matin les motos étaient couvertes de givre.
Par contre j'ai rarement vu un ciel aussi étoilé. La ville la + proche est a 200 bornes alors autant dire qu'il n'y a pas de pollution lumineuse !
On a tous eu mal au crane dans la nuit (non, c'est pas la vodka !). On devait etre + ou - a 4800 m donc c'est un peu normal...
C'est comme si on dormait au sommet du Mont Blanc !
Le lendemain matin on a revissé le sélecteur, on a remis en place la suspension comme on a pu, et on est reparti.
On a passé le Lachulung La (5065 m), et on a rejoint Pang (un grand campement) assez rapidement.
+ on avance + les paysages sont grandioses.
Apres Pang, on remonte d'un cran...
... on passe un énorme canyon sur la droite...
... et on arrive sur un plateau a 5000 m d'altitude.
Et la, la piste devient sableuse pendant 25 ou 30 km. Pas simple de piloter la dessus. Sur les pistes dures je peux me mettre debout et filer a 60 / 70 km/h sans trop de probleme, mais dans le sable mou comme ca je suis obligé de rouler assis, doucement, et de mettre les pieds pres du sol pour rétablir l'équilibre car la roue arriere a souvent tendance a chasser sur le coté. Et quand c'est la roue avant qui s'y met, ca devient du funambulisme !
En + de ca, avec le vent on en prend vraiment plein la gueule !!
On a mis une bonne heure pour sortir de ce désert.
Apres, commence la montée du dernier col, le + haut: Tanglang La.
20 bornes + tard on arrive en haut, on prend 2 ou 3 photos, et on se casse vite parce qu'il y a un vent a décorner les yaks. Et a 5360 m c'est pas facile de respirer.
On a fait la descente en roue libre, moteur éteint, pour économiser l'essence.
Conduire sur des routes comme ca est assez fatiguant nerveusement. Il faut faire des pauses régulierement parce que si tu perds ta concentration ne serait ce que 3 secondes tu peux finir comme ca:
Virage raté...
Apres 10 km de descente la route est goudronnée ! Alléluia !!!!
On arrive alors a Rumtse, le 1er vrai village en dur depuis Darcha.
Apres c'est gagné. La route est encore bien défoncée par moment mais c'est de la moquette comparé a ce qu'on a traversé avant.
Et a partir d'Upshi c'est un vrai billard ! 50 bornes de velour !!!
On longe l'Indus (la riviere qui a donné son nom au sous-continent), et on commence a voir beaucoup + de végétation.
Ca fait du bien de voir un peu de verdure apres 200 bornes de paysages lunaires.
Et 30 bornes avant Leh.... une station d'essence !!! Ouf !
On est arrivé a Leh vers 19 h, juste avant la nuit. Couverts de poussiere de la tete au pieds, crevés, mais heureux !!!
Euphoriques !!!!
C'est un peu comme quand on termine un marathon. J'en ai chié, mais je suis super content de l'avoir fait et je m'en souviendrai toute ma vie.
Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas me casser la gueule, c'est pas les occasions qui manquaient.
Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas crever, vu les caillasses sur lesquelles on a roulé.
Et je ne sais pas comment le top case et les valises ne ce sont pas décrochés vus les secousses qu'ils ont enduré.
J'ai pris un panard d'enfer a piloter sur les pistes dans ce décor incroyable. L'Africa se comporte super bien sur ces terrains difficiles. Malgré le poids, elle passe les bosses, les trous et les ornieres sans broncher.
En Turquie et en Iran j'étais encore un peu hésitant sur les pistes mais maintenant je me sens beaucoup + en confiance.