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Oh put*** !!!
J'ai d'abord pris un bus pour rejoindre Besishahar, le village a partir duquel le trek commence. C'est a 800 m d'altitude.
Le lendemain, 7h pétante, c'est parti !
Chaud patate !!!
Les premiers kilometres sont relativement plats. Les premiers reliefs arrivent a partir de Nadi. De belles rizieres en terrasse.
Quand je suis allé faire faire le permis, ils m'ont donné un dépliant avec le profil du parcours. C'est super utile, mais c'est trompeur. Ils mettent les villages avec leurs altitudes respectives, et ils les relient par des lignes droites. Donc t'as l'impression que ca monte régulierement, mais en fait entre 2 villages il y a parfois de vraies montagnes russes.
Les paysages sont splendides tout le long du trek. T'es vraiment en pleine nature.
Ya des chutes d'eau de partout...
... parfois meme sur le sentier.
Le parcours est truffé de grands ponts suspendus.
Au début du trek les gens sont hindous, puis apres 30 ou 40 km on entre dans les vallées peuplées de tibétains boudhistes.
On voit de + en + de rouleaux et de drapeaux de prieres.
Le chemin est ponctué d'édifices religieux.
Des pierres sont gravées de mantras boudhistes, en alphabet tibétain...
... dont le + célebre: Om Mani Padme Hum
Ce trek est génial parce que contrairement au Ladakh, qui est désert, ici il y a des villages tous les 5 ou 6 km.
Du coup pas besoin de guide. Tu prends une bonne carte, et tu demandes aux gens.
Pas besoin de porter de tente, ni de bouffe, tu peux voyager léger. Faut juste prendre des fringues chaudes, un imper, et un duvet car les nuits sont fraiches en altitude.
Tu te ravitailles au fur et a mesure, dans les villages, et le soir tu peux dormir dans des guest houses.
Ca coute que dalle, 50 ou 100 roupies la nuit (divisez par 100 et vous aurez le prix en euro). Il y a meme des endroits ou ils te font la piaule gratos si tu manges chez eux. La nourriture est tres cher par contre. Enfin, comparé a ailleurs au Népal bien sur. Par rapport a l'Europe ca reste tres bon marché.
En fait comme il n'y a pas de route, tout est porté, sur des dizaines de kilometres.
Et il y a des endroits ou les mules ne peuvent pas passer, donc ca se fait a dos d'homme. Quand on voit le relief on comprend pourquoi la bouffe est chere.
Une assiette de riz coute + cher qu'une chambre !
J'ai croisé beaucoup de porteurs sur la route. C'est un métier de dingue. Ils charrient des dizaines de kilos avec juste une lanniere qu'ils passent sur leur front. Ils doivent avoir les cervicales en miettes.
La plupart sont assez chétifs en +. Je pense que certains doivent porter + que leur propre poids.
Mais bon ils y arrivent. Lentement mais surement.
Ils transportent tout. La bouffe, mais aussi les matériaux de constructions.
Les pluies de mousson ont engendré plein de glissements de terrains. Ya des endroits ou c'est carrément tout un pan de la montagne qui s'est cassé la gueule dans la vallée.
De l'autre coté de la riviere je voyais des travailleurs en train de tailler la roche au marteau piqueur pour tracer une nouvelle voie.
Le décor change tout le temps.
Souvent les nuages frolent doucement les cimes. Tres gracieux.
Il y a beaucoup de villages ou les toits sont en toles ondulees. Ca fait un peu tache au milieu des ces paysages. Mais dans certains bleds ils utilisent encores de grandes pierres plates pour couvrir les maisons.
Certains villages, comme Ghyaru, sont entierement construits en pierre.
Niveau physique, les 2 premiers matins, au réveil t'as les articulations un peu raides, mais apres quelques minutes de marche, les engrenages se dégrippent ! Et a partir du 3eme jour t'es vraiment dans le rythme, t'as plus de courbatures, et meme quand ca monte sévere t'as la patate.
J'ai fait le trek en partie a la népalaise: en tongs.
Ce qui me vaut un pédi-bronzage assez particulier.
Mais finalement ca se fait bien de marcher comme ca. La foulée est + légere.
Dans les montagnes les portions de nourriture ne sont pas énormes.
Quand tu fais de gros efforts physiques il faut bouffer pas mal de calories, et c'est pas avec 100 g de noodles que t'y arrives !
Donc en général, a chaque repas je prenais un Dal Bhat. C'est le thali népalais. C'est le seul plat qui est a volonté.
C'est tout simple: du riz, une soupe de lentilles, et quelques légumes au curry.
Quand le ciel est clair, normalement, a partir de Pisang, on est censé voir les grands sommets. Malheureusement quand j'y étais les nuages étaient de sortie, donc j'ai rien vu...
Mais le 5eme jour, a Manang, j'ai tiré les rideaux a 6h du mat', et la...
Oh put*** !
Le ciel était bleu, limpide. Je suis vite sorti (j'ai mis un pantalon avant quand meme).
Je suis allé sur le toit d'abord, puis a la gompa qui domine le village.
Quel décor !!
L'Annapurna 2, l'Annapurna 3, le Gangapurna, et le Tilicho Peak se dressaient devant moi. Massifs.
Les photos ne rendent pas bien l'impression de grandeur je trouve. C'est beaucoup + impresionnant en vrai.
Annapurna 2 (7937 m)
Annapurna 3 (7555 m)
Gangapurna (7455 m)
Tilicho Peak (7134 m)
Manang
Annapurna 2
Et voila sur quoi je suis tombé au beau milieu de l'Himalaya !
Ya un frenchie qui s'est trimballé ca jusqu'ici...
?????????
A partir de Manang j'ai marché avec Beckie, une allemande. On avait a peu pres le meme rythme. Avant de faire le tour de l'Annapurna, elle avait fait le trek du camp de base de l'Everest.
Manang est a 3500 m. A partir de cette altitude il faut y aller un peu + mollo. On a fait 2 petites étapes pour arriver a 4000 d'abord puis a 4500 ensuite. 500 m par jour ca va. Tu ne ressens pas le mal des montagnes. Juste un peu + de mal a respirer.
Je me souviens d'une sale nuit passée sous une tente au Ladakh, le jour ou j'étais monté de 3500 a 4800, en moto. Un put*** de mal de crane qui t'empeche de dormir.
Je sais dorénavant que ce mal est sournois, et je m'en méfie.
A partir de 4000 m on commence a voir des yaks. J'adore ces bestioles !
J'en ramenerais bien un chez moi, mais j'ai peur qu'il se sente a l'étroit sur mon balcon.
En été ils perdent un peu leur fourrure, mais ils sont quand meme impressionnant avec leur grandes cornes.
Ils ne sont pas agressifs mais des fois ils se mettent tous subitement a courrir sur le sentier en descente. T'as intéret a te mettre sur le coté si tu veux pas leur servir de paillasson.
Meme s'ils ont des bonnes bouilles de peluche, je préfere rester a bonne distance quand meme.
Le jour suivant on est parti a 6 h. C'était la journée la + longue.
Stefan, un hollandais s'est joint a nous.
A partir de 4500 m on arrive sur des paysages lunaires, ou rien ne pousse, comme au Ladakh.
Dans la journée, au soleil il fait pas trop froid, surtout quand tu marches. Par contre si tu t'arretes et qu'un nuage passe ou que le vent se met a souffler, tu grelottes.
Quand le brouillard se leve, la vue sur les sommets environnants est splendide.
Le Mont Blanc culmine a 4810 m d'altitude. Si tu vas au sommet, tu es sur le toit de l'Europe, et tout est en dessous de toi. Ici, meme a 5000 m, ya encore d'énormes montagnes qui te regardent de tres tres haut.
Et au bout d'une demie journée de marche on apercoit enfin les drapeaux de priere.
C'est le Thorong La (5416 m), le point culminant du trek.
Ca fait quasiment 1000 m de denivellé en une demie journée, mais on est ensuite descendu de l'autre coté, a Muktinath, a 3800 m. Le mal des montagnes se manifeste au bout de quelques heures donc tu as le temps de redescendre. Faut pas passer la nuit la haut, c'est tout.
La descente vers Muktinath est interminable.
Et meme a partir du moment ou tu vois la vallée il faut encore 3 heures pour y arriver.
En descendant, on a la sensation inverse des derniers jours. L'air est de + en + respirable et il fait de - en - froid.
Muktinath n'est pas un joli village. C'est meme plutot moche. Mais c'est planté dans un décor magnifique.
C'est completement différent de l'autre coté du Thorong La.
C'est le sud du Mustang, une région extraordinaire.
C'était un royaume completement fermé il y a encore 30 ans. Maintenant on peut y aller mais il faut un permis qui coute un oeil: 500 USD.
Mais le bas Mustang, jusqu'a Kagbeni, est accessible avec le permis de l'Annapurna.
De Muktinath a Kagbeni les paysages sont vraiment grandioses. Un mélange de Ladakh et de Cappadoce...
Tout ca sous le regard de l'immense Dhaulagiri (8167m).
Parlons en du Dhaulagiri ! Quel gros plein de soupe !!
J'ai jamais vue une montagne aussi massive. C'est le 7eme sommet le + haut de la planete.
J'ai pris cette photo a Muktinath, qui doit etre a 50 bornes du pic a vol d'oiseau. Il parait déja énorme, alors j'imagine meme pas quand on est au pied.
A partir de Kagbeni, on arrive dans une tres large vallée ou coule la Kali Gandaki. Ya un vent hallucinant ici.
Ca souleve toute la poussiere.
A Jomsom on s'est retrouvé a 2. A partir de cette ville il y a un chemin carossable. Becky a pris un bus pour rentrer a Pokhara.
Apres Jomsom, la verdure réapparait.
Le chemin est tres large, pour que les bus puissent passer. C'est moins sympa que les petits chemins tortueux. M'enfin on peut pas vraiment parler de route. C'est pas goudronné, et parfois c'est carrément "Verdun 1916".
Et a certains endroits les glissements de terrain et les éboulements coupent carrément l'acces.
Ya beaucoup de ponts en vrac aussi.
Du coup je pense qu'il faut prendre 4 ou 5 bus pour rejoindre Pokhara.
Et voila Tukuche. C'est le village a partir duquel Herzog et ses potes ont commencé a grimper vers l'Annapurna en 1950.
Le carrom, le billard indien et népalais. Un peu de talc sur la planche, et les jetons glissent comme sur de la glace.
Apres Tatopani, pour la derniere partie du trek on retrouve les chemins sinueux, et ca monte sévere, jusqu'a Gorepani.
1700 m de dénivelé dans la journée.
Et le lendemain matin on est monté a Poon Hill, a la fraiche.
Cette montagne est célebre pour la vue que l'on a au sommet.
C'était un peu nuageux, mais impressionnant quand meme.
Dhaulagiri, Nilgiri, Annapurna 1, Annapurna Sud, et Macchapuchhre.
C'était la premiere fois depuis le début du trek qu'on voyait l'Annapurna 1 (8091 m).
C'est le sommet a gauche, dans les nuages. Il parait + petit que l'Annapurna Sud (7219 m, a droite), car il est + loin.
Dhaulagiri
Parfois les nuages se marient fort bien avec les montagnes !
Comme on a fini le trek + vite que prévu, j'ai ensuite bifurqué a l'Est pour rejoindre le camp de base de l'Annapurna.
En fait le permis pour la réserve est a entrée unique, donc si tu ressors, ne serait ce que pour 2 jours, il faut que tu re-fasses faire un permis pour re-rentrer. Du coup j'ai enchainé les 2 treks sans sortir.
Pour aller au camp de base c'est court, mais c'est sportif !!
De Chomrong au camp, on passe de 2000 a 4000 en 1 jour et demi.
Beaucoup d'escaliers en pierres. C'est crevant a monter, autant qu'a descendre. Mais je pense qu'ils les ont construit pour éviter l'érosion des chemins pendant la mousson.
Tres tot sur ce trek on peut apercevoir le Machhapuchhre (6993 m). Personne n'a jamais mis les pieds au sommet. C'est une montagne sacrée et l'ascencion est donc interdite.
Le camp de base est placé juste a coté d'un énorme canyon de moraines, au pied de l'Annapurna.
J'ai été un peu décu la haut. Je m'attendais a voir des alpinistes. J'aurai bien aimé causer un peu avec eux.
Que dalle !!
En fait ce n'est pas vraiment la saison pour gravir les cimes. La plupart des expéditions font ca début mai.
Vraiment ca me fascine ces sommets.
J'aimerais bien me mettre un peu a l'alpinisme, mais ca me fait flipper.
Yavait un guide de trek la haut. Il disait: "la tres haute montagne c'est beau a voir, pas a toucher."
Il est venu au camp de base des dizaines de fois, et il a rencontré plusieurs alpinistes en partance pour le sommet, dont certains ne sont pas revenus.
Et il me disait en rigolant:
"Ils sont congelés la bas pour l'éternité !!!"
L'Annapurna est moins haut que l'Everest, mais son ascencion est considéré comme la + dangereuse au monde.
Les statistiques font frémir: 1 mort pour 2 ascencions réussies. Environ 160 personnes seulement ont atteint le sommet.
Bref, ensuite je suis redescendu dans le brouillard, sous une pluie battante.
C'est le seul jour ou j'ai vraiment eu du mauvais temps. Ya parfois eu des nuages, mais rien de bien méchant. J'ai eu vraiment de la chance étant donné la saison.
Au fur et a mesure que l'on descend vers Pokhara, on retrouve la chaleur de la plaine...
... et les rizieres.
Je suis super content d'avoir fait ces treks a cette période. En 16 jours j'ai du croiser une trentaine de marcheurs a tout casser. Apparemment, en octobre la visibilité sur les sommets est nickel, mais du coup c'est la haute saison touristique, et les sentiers sont farcis de monde.
Ca fait ch***
Le mieux finalement c'est peut etre de venir en mars/avril. Il fait froid, mais faire une partie du trek en raquette ca peut etre fun !
A Pokhara j'ai retrouvé du beau monde. Gael, le mec de Villard, mais aussi David, l'irlandais qui bourlingue en Enfield que j'avais rencontré a Leh, au Ladakh.
Pokhara ville dangereuse !!!!
Purée ca c'est le comble !! Je fais 270 km sur des chemins accidentés sans me blesser, et le premier soir de retour a la civilisation, je me suis EXPLOSÉ le gros orteil sur un trottoir...
Depuis que je suis arrivé a Pokhara je vois beaucoup de motos cross, avec des pneus qui ressemblent a ceux dont j'ai besoin pour la brelouze. Mes semelles actuelles ne sont pas encore totalement usées, mais en Inde c'est impossible de trouver les bonnes dimensions.
Je me suis donc mis en quete.
J'ai fait plusieurs magasins, et au bout d'un moment je suis tombé sur un gars qui m'a vachement aidé, Arjun. Il tient un atelier de réparation de bécane. Il m'a guidé dans la ville pour trouver les bon pneus.
Pour le remercier, je l'ai invité, lui et ses potes, au resto le soir.
... et le lendemain c'est eux qui m'ont invité pour un diner champetre, dans la cambrousse Pokharienne !
Du bon porc au curry !
Bref, du coup maintenant je me trimballe avec une paire de pneus de rechange. La moto commence a ressembler a un vrai sapin de Noel !
Je suis a Kathmandu maintenant, KTM pour les intimes.
Mes parents arrivent dans quelques jours pour passer 3 semaines au Népal.
Ca fait maintenant 6 mois que je suis parti. Je me sens comme un poisson dans l'eau.
Et ce que j'adore, c'est que ca ne passe pas si vite que ca.
Je trouve que le temps ralentit quand on voyage. En étant sédentaire, toutes les journées se ressemblent + ou -, et du coup les semaines défilent et les souvenirs s'envolent. Quand tu bouges tu te souviens précisement de tout, et le temps prend donc + d'ampleur.
Par exemple, je serais incapable de dire ce que j'ai fait en juin 2010, alors qu'en juin 2011 je pourrais en parler des heures. Et meme dans 10 ans.
Vagabonder ya que ca de vrai !!!
Seul les gens me manquent. La famille et les amis.
Tout le reste, le confort, mon appart, mon plumard, mon canap, mon frigo, ma télé, mon ordi, ma bagnole, et tout mon bazar ne me manquent absolument pas.
Aller, encore 6 mois sur la route !!!